Comment utiliser ce jeu ?
Mise en application, étape par étape
Etape 1 : faire choisir une carte « situation difficile » au participant
Exemples de questions à poser aux parties :
-« Choisissez parmi ces 12 cartes (des situations difficiles), la carte qui représente le mieux votre situation actuelle, telle que vous la vivez. » La personne choisit par exemple la carte des « problèmes de com-munication ».
Le médiateur :
-« Qu’est-ce que cette carte évoque pour vous ? Elle vous renvoie à quoi ? Elle vous fait penser à quoi ? Elle pourrait évoquer quoi ? Qu’est-ce qu’elle pourrait représenter ? »
Le participant :
-« Elle me renvoie à des problème de communication avec mon chef ; il ne me dit jamais de consignes, de compliments, de cri-tiques. C’est le non-dit total ! Ca me laisse dans l’anxiété, je n’arrive pas à me situer, ça fini par créer des tensions entre nous…».
Etape 2 : Faire choisir une carte « situation désirée »
Le médiateur invite son interlocuteur à tirer une seconde carte parmi celles qui représentent les situations désirées (la solution) :
La personne tire la carte du « chef aidant ».
Le médiateur :
– « Concrètement, qu’est-ce que vous pourriez décider de faire pour mieux communiquer et parvenir à une relation de travail construc-tive et apaisée » ?
Le participant :
: « Euh, je ne sais pas…. Pas grand-chose ! C’est à vous de me le dire »
Etape 3 : Faire choisir une carte-message, au hasard (faces retour-nées sur la table)
Enfin, le médiateur invite le participant à choisir au hasard une carte qui pourrait symboliser le conseil utile pour parvenir à l’état souhaité. C’est l’éclairage, le message de sa petite voix intérieure …
Exemple :
Le participant tire la carte « faire preuve de courage ».
A ce stade, la tension peut s’apaiser car une piste de solution a été touchée du doigt. Le participant peut se sentir plus disponible. Il saisit mieux les ressorts du conflit. Et sans doute, sa propre part de responsabilité dans ce qui se joue. Avc tact, le médiateur peut alors, au travers du message tiré, l’amener à le décoder et lui faire prendre conscience, par le jeu du questionnement, qu’il n’est pas sans doute pas la victime qu’il pensait être. Et s’il avait les moyens de changer la situation ? D’en devenir acteur, sans pour autant aller au clash. Passer de la peur au courage, d’un problème à priori sans issue à une solution simple, n’est pas insurmontable, tel peut être là le message délivré par la carte
L’hypothèse : en manquant justement de courage, en étant enfermé dans ses peurs (peur du chef, de ne plus être apprécié, peur d’être dans le collimateur) le participant a pu laisser le silence s’installer, sans oser s’exprimer, sans poser le problème sur la table. D’où ce cortège d’effets pervers : anxiété, parano, désengagement, colère rentrée et… amplification des tensions avec son chef.
Les questions à envisager :
Qu’est-ce que ce message évoque pour vous ?
En creusant un peu, quel lien pourriez-vous faire avec la situation que vous vivez ?
Quel enseignement tireriez-vous de ce message clé ?
Scénario 2 : la carte tirée au hasard n’est pas très éclairante (par exemple : « accepter de recevoir »). Au médiateur de laisser le temps au participant de chercher le sens caché de la carte. Le mé-diateur l’invite à l’introspection pour tenter de décoder la partie in-visible du message. Le participant cogite en vain ? S’il entrevoit un sens possible à la carte, l’animateur peut s’autoriser à l’aiguiller :
– Cela pourrait-il parler de cela ?
– Est-ce que cela pourrait évoquer cela ?
– Et sur cette carte, « accepter de recevoir », qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
– Avez-vous l’habitude de recevoir ?
– Est-ce que c’est facile pour vous de recevoir ?
Réponse du participant :
– Non ! Comme cela ne m’est pas facile de demander !
– Du coup, quelles conséquences cela pourrait avoir dans la situation présente avec votre chef ?
– Finalement, vous n’avez pas osé demander d’aménagement de la situation pour mieux communiquer, peut-être « n’acceptiez-vous pas de recevoir, c’est-à-dire d’entendre un éventuel désaccord de sa part ? Peut-être avez-vos eu peur qu’il rejette votre solution ?
– Quelles pourraient être les conséquences si vous acceptiez de de-mander et de recevoir ? Etc.
Ce jeu peut aussi bien être utilisé lors d’un entretien collectif avec les deux parties. Le procédé est le même et il s’avère d’une éton-nante richesse. En effet, il permet à l’une et l’autre partie de décrire la carte choisie en quelques mots, en un minimum de temps, et de comparer leur vision respective du différend. Dans la phase de re-cherche de solutions, le médiateur les invitera à échanger sur leurs choix respectifs et à établir des liens entre les cartes, en zoomant sur les points de convergence et de divergence. Les images sont une opportunité de façon indirecte et ludique d’amener les parties à échanger, au détour des images, permet un rapprochement, se don-ner un moyen subtil de se reparler.
• Cas de convergence dans l’état des lieux (description du conflit) : le médiateur peut favoriser le dialogue ainsi :
– Je note que vous avez choisi chacun une carte évoquant clairement un problème de communication.
• Cas de divergence :
-Madame Lemaire, vous avez choisi une carte qui évoque un problème de communication. Monsieur Legrand, vous avez choisi une carte qui évoque un problème d’organisation…
L’art du médiateur va consister à faire échanger les protago-nistes sur leurs différences dans leurs représentations du confit. Au final, les parties vont inévitablement prendre conscience que le conflit a deux facettes : un problème d’organisation, au-delà de la communication.
La phase de conclusion.
Cet outil-média s’avère d’une rare efficacité car il favorise une sub-tile interaction entre les parties. En effet, il permet au médiateur de saisir rapidement la façon dont chaque partie se représente et vit la situation conflictuelle. Cette approche par regards croisés (conver-gence/divergence de vues) est propice à un dialogue plus serein, dans le but de rechercher des solutions.
Si le participant bloque…
Le médiateur lui propose de tirer une carte-verbe
Le médiateur :
« Qui, selon vous, pourrait représenter ou vous aider à at-teindre la situation désirée ?
Le participant tire la carte « je m’affirme ».
Le médiateur :
« Concrètement, comment vous pourriez-vous affirmer sans aller au clash ? »
La personne est invitée à réfléchir à ce qu’il pourrait faire et dire pour aller dans ce sens. Elle en vient à dire :
– « Se parler davantage, par mail, aller le voir quand j’ai un problème, mais pas que quand ai des problèmes… L’idéal serait que je puise le voir régulièrement, par exemple chaque semaine… »
De fil en aiguille, le participant en arrive à trouver par lui-même une solution réaliste et réalisable : par exemple, proposer un point hebdomadaire chaque vendredi matin. Ainsi, a-t-il réussi à :
Décrire la situation de façon factuelle (D) : non-dits, ab-sence de communication…
Exprimer (E) son inconfort par rapport au manque de communication source de tension, d’anxiété et de non performance (la situation nuit à son efficacité)
Suggérer (S) une solution pour s’en sortir : dialoguer au fil de l’eau, échanger plus de mails etc.
Conclure (c) c’est-à-dire décider d’une solution facile à appliquer : une réunion hebdomadaire
Check-list : les étapes clés du jeu
- Proposez à votre interlocuteur de choisir une carte illustrée parmi les 12 cartes représentant les situations difficiles (l’illustration la plus évocatrice pour lui),
- Inviter la personne à décrire la situation vécue évoquée par cette carte,
- Faites-lui choisir une seconde carte parmi celles représentant la situation désirée,
- A partir de cette carte, invitez votre interlocuteur à réfléchir à une solution concrète pour parvenir à cet état désiré,
- Enfin, dernière étape, proposez à la personne de tirer une carte-verbe et demandez-lui d’expliquer ce que cela évoique pour elle : son enseignement clé, le conseil à suivre, l’action à mener pour atteindre la situation désirée.